Dans Vapeurs Humaines nous suivons la routine de Greg employé d’un crématorium que son père dirigeait avant son départ en retraite. Greg et Hélène Chastain, sa responsable, soignent la routine qu’impose le lieu, les cérémonies s’enchainent et ce ressembles toutes. Alors que Greg végète dans une carrière qu’il n’a pas choisi, Monica une jeune veuve Roumaine, perturbe les habitudes du lieu, elle décide de rester faire le deuil de son compagnon, David, au crématorium.
En effet, dans les traditions orthodoxes de Monica le deuil dure plusieurs jours et les crémations n’existe pas. Elle ne peut donc pas se résoudre à une cérémonie routinière de deux heures pour dire adieux à son compagnon de 40 ans. Monica est en France depuis un an, elle a suivi David qui l’a sortie, par amour, de son pays et de ses traditions familiales. Elle n’a plus aucune attache dans ce pays qui n’est pas le sien et pourtant elle n’arrive plus à quitter ce lieu auster qu’occupe Greg et Mme Chastain comme des moules accrochées à leurs rocher.

Greg est perturbé par cette inconnue inclassable mais petit à petit, malgré ses efforts pour déloger Mariana et la pression de sa supérieur, il ouvre les yeux et remet en question sa prison routinière. Pourquoi cette jeune femme ne pourrait pas faire son deuil comme elle l’entend ? Pourquoi s’est-il enfermé dans ce travail morbide, sans le choisir, sans conviction ? A-t-il le droit après dix-sept ans de métier de contredire le projet familial d’un père entreprenant ?

Ces questions, ces dilemmes, Greg les gère difficilement d’autant plus que les évènements et la découverte de Monica vont s’échiner à le faire douter, à contrecarrer ses habitudes pour au final le faire renoncer. Il balance tout au long de ces quelques jours que dure le film dans une forme d’indécision. Son choix final représente une rupture mais aussi il pose en filigrane la question thématique du film. En effet notre personnage de Greg, bourré de toc, est enraciné dans sa routine, le personnage secondaire de Xavier 38 ans, son collègue et ami, l’encourage à sortir du cadre qui le consume mais le poids de l’héritage de son père le fige sur place. Monica est son opposée, déracinée de son pays, de ses traditions et de son compagnon, elle n’a plus aucun repère, cela l’immobilise un instant.